Le Directeur Général de la CAA, Secrétaire Permanent du CNDP, Monsieur Richard EVINA OBAM a le plaisir de vous présenter la "conjoncture mensuelle de la dette publique du Cameroun N°06/22-Juin 2022", finalisée le 04 août 2022.
Cette conjoncture est produite dans un contexte mondiale qui demeure morose et reste tributaire de la guerre en UKRAINE qui s’est intensifiée ainsi que la persistance de la pandémie de la Covid-19 dans certains pays. De nouveaux goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement mondiales sont observés, exerçant des pressions supplémentaires sur les prix des matières premières et des denrées alimentaires et un resserrement des conditions financières mondiales plus important que prévu. Dans ce contexte, le Fonds Monétaire International (FMI) dans la mise à jour des Perspectives de l’Economie Mondiale du mois de juillet 2022 à réviser à la baisse, ses prévisions de croissance mondiale pour 2022 à 3,2%, soit une baisse de 0,4 point de pourcentage par rapport à celles d'avril et pour 2023 à 2,9% soit une baisse de 0,7% par rapport à la précédente projection.
Dans la Sous-région CEMAC, et suivant les conclusions de la 2ème session du Comité de politique monétaire de la BEAC tenue le 14 juillet dernier, la croissance devrait s’établir à 3,5% en 2022 contre un taux de 1,5% enregistré en 2021. Cette hausse est principalement liée à l’évolution favorable des termes de l’échange de la CEMAC et le dynamisme de tous les secteurs d’activité. Pour l’année 2023, ce taux est projeté à 3,3%.
Sur le plan national, suivant les conclusions de la mission de revue avec le FMI, Il ressort principalement des échanges et des constats que, les répercussions des chocs exogènes, la crise russo-ukrainienne a un impact négatif sur l’économie nationale, induisant notamment une flambée des prix des produits agricoles tels que le blé ou encore des hydrocarbures. Il ressort principalement des échanges et des constats que, les répercussions des chocs exogènes, la crise russo-ukrainienne a un impact négatif sur l’économie nationale, induisant notamment une flambée des prix des produits agricoles tels que le blé ou encore des hydrocarbures. A la suite de cette revue du PEF 2021-2024 soutenu par la facilité élargie de crédit (FEC) et le mécanisme élargi de crédit (MEDC), le Conseil d’Administration du FMI tenu le 25 juillet 2022, a approuvé en faveur du Cameroun, un décaissement de 79,9 millions de dollars US, soit environ 47 milliards de FCFA.
Outre ces éléments, la conjoncture économique nationale a été principalement marquée par (i) la dépréciation du FCFA en liaison avec celle de l’Euro par rapport au dollar américain sur le marché international et les conséquences qui s’en suivent ; (ii) la tenue et l’achèvement de la deuxième session parlementaire de l’année 2022 et ; (iv) les travaux en cours pour la préparation du budget de l’année 2023. Suivant les statistiques officielles du pays, la croissance du PIB (à prix constant) a été revue à la baisse passant de 4,2% à 4,0% et le niveau d’inflation initialement prévu à 2% pour l’année 2022 a été revu à 3%.
Relativement aux principaux agrégats des dettes publiques et passifs contingents rappelés dans la dite conjoncture, ils se présentent comme suit :
- l’encours de la dette publique est évalué au 30 juin 2022 à 11 933 milliards de FCFA et représente 45,8% du PIB, ce qui reste dans la trajectoire et en dessous de la cible de 50% du PIB fixée dans la SEMT 2022-2024 à fin 2024. En termes de variation, cet encours connait, une hausse de 1,0% en glissement mensuel, de 3,7% par rapport au trimestre précédent et de 11,2% en glissement annuel. Quant à sa composition, près de 92,7% représente la dette de l’Administration Centrale et 7,3% la dette des Entreprises et Etablissements Publics.Du fait de la dépréciation successive du FCFA (euro) par rapport au dollar US, l’encours de la dette a augmenté successivement de 420 milliards de FCFA en glissement annuel, 172 milliards de FCFA en glissement trimestriel et 78 milliards de FCFA en glissement mensuel;
- L’encours de dette de l’Administration Centrale au 30 juin 2022 est constitué de : (i) 71,1% de dette extérieure ; et (ii) 28,9% de dette intérieure, y compris les Restes à Payer de plus de 3 mois;
- Les passifs conditionnels de l’Etat, sur la base des informations collectées à la CAA, sont évalués au 30 juin 2022 à 3 776 milliards de FCFA et représentent 14,5% du PIB. Ils sont constitués à 0,5% de la dette garantie par l’Etat du Cameroun et à 99,5% des investissements sous forme de Partenariats Publics Privés (PPP);
- Durant le mois de juin 2022, l’Etat a effectivement réglé 70,4 milliards de FCFA de service de la dette (Hors Restes à Payer et remboursement BTA), dont 59,9 milliards de FCFA au titre du remboursement du principal et 10,5 milliards de FCFA pour le paiement des intérêts. En termes de composition, ce service est consacré à : (i) 32,1% au règlement de la dette intérieure ; et (ii) 67,9% au service de la dette extérieure;
- Le cumul du service de la dette réglé au cours du premier semestre 2022 s’élève à 572,6 milliards de FCFA, dont 321,8 milliards de FCFA pour la dette extérieure et 250,8 milliards de FCFA au titre de la dette intérieure (Hors Restes à Payer et remboursement BTA);
- Aucun engagement nouveau sous forme d’emprunt n’a été signé au cours du mois de juin 2022. Ainsi, le cumul des engagements extérieurs signés depuis le début de l’année 2022, s’élève à 205,6 milliards de FCFA, dont 52,1% sous forme de prêt projet et 47,9% sous forme d’appui budgétaire;
- Quatre (04) décrets d’habilitation du Chef de l’Etat au 30 juin 2022, sont en attente de signature de conventions de financement pour un montant global d’environ 54,8 milliards de FCFA;
- Les décaissements effectués au cours du mois de juin 2022 se chiffrent à 58,7 milliards de FCFA, mobilisés à 65,9% auprès de partenaires extérieurs et à 34,1% auprès de créanciers intérieurs. Le cumul des décaissements effectués en 2021 est ainsi porté au 30 juin 2022 à 806,8 milliards de FCFA milliards, dont 63,8% de tirages extérieurs et 36,2% de décaissements intérieurs;
- Les SEND’s, à fin juin 2022 sont estimés à environ 4 029,5 milliards de FCFA (représentant 15,5% du PIB), dont 282,6 milliards de FCFA d’appuis budgétaires à décaisser progressivement auprès du FMI et de l’AFD et se composent uniquement de SEND’s extérieurs. Pour absorber ces SEND’s de façon optimale, tous les acteurs devraient s’impliquer, dans le cas contraire, au rythme des décaissements annuels des prêts projets de moins de 450 milliards de FCFA par an depuis 2020, il faudrait plus de 8 ans pour absorber les SEND’s existants. (la période moyenne de décaissement pour un financement n’excédant pas 4 à 5 ans);
- Enfin, le profil des coûts risques correspondant au niveau du portefeuille de la dette de l’administration centrale au 30 juin 2022 se présente comme suit :
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- Le ratio de la dette est en hausse de 0,6 point en glissement trimestriel, passant de 40,9% à 41,5%, dont 30,1% pour la dette extérieure et 11,4% pour la dette intérieure ;
- Le coût moyen pondéré de la dette enregistre une légère baisse de 0,1% par rapport au trimestre précédent et se situe à 2,4%, dont 2,1% pour la dette extérieure et 2,9% pour la dette intérieure. Considérant la hausse progressive des taux d’intérêt, le coût de la dette pourrait légèrement augmenter tenant compte de la part de la dette à taux d’intérêt variable non négligeable dans le portefeuille ;
- La durée moyenne de refinancement du portefeuille baisse de 0,2 point en glissement trimestriel et est estimée à 8,2 années, soit 9,4 années pour la dette extérieure et 5,2 années pour la dette intérieure ;
- Le poids de la dette, dont les termes sont à refixer augmente de 4,5% par rapport au trimestre précédent et se situe à 24,0%, soit 25,7% pour la dette extérieure et 19,6% pour la dette intérieure ;
- Le risque de taux d’intérêt est traduit par l’exposition d’environ 15,2% de la dette totale (dette à taux d’intérêt variable) aux fluctuations de taux d’intérêt, contre une exposition de 19,5% à fin mars 2022 ;
- La part de la dette libellée en devises autres que le FCFA est inférieur de 0,4% par rapport au trimestre précédent et est estimée à 72,6% du portefeuille global, soit une exposition de 45,7% du portefeuille (contre une exposition de 45,3% à fin mars 2022), considérant la dette libellée en euro, évaluée à 26,9% de la dette totale. La dépréciation du FCFA par rapport au dollar et autres devises principales observé en juin a contribué à l’augmentation de l’encours de la dette extérieure à fin juin 2022 respectivement de successivement de 420 milliards de FCFA en glissement annuel, 172 milliards de FCFA en glissement trimestriel et 78 milliards de FCFA en glissement mensuel.
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Vos observations et commentaires sont toujours les bienvenues pour l’amélioration de la gestion de la dette publique du Cameroun et le développement durable des populations.