Portefeuille de la dette publique du Cameroun au 31 décembre 2020 et viabilité à l’horizon 2030

Aspect

Le Directeur Général de la Caisse Autonome d’Amortissement du Cameroun a le plaisir de mettre à la disposition de tous les lecteurs, (administrations publiques et privées, partenaires techniques et financiers, apprenants, chercheurs, etc.) le présent document intitulé "portefeuille de la dette publique du Cameroun au 31 décembre 2020 et viabilité à l’horizon 2030".

Il s’agit en effet d’un outil de présentation et d’analyse de l’évolution de l’endettement du pays tout au long de l’année 2020 achevée.

Notons que la principale innovation dans ce numéro est la prise en compte de la dette des entreprises et établissements publics dans le champ de la dette publique, conformément aux exigences de communication en la matière et aux divers engagements pris avec les partenaires.

En guise d’introduction, il y est rappelé quelques éléments du contexte marqué au plan international par l’apparition et la persistance du virus pandémique humain « corona virus » ayant provoqué une désorganisation sociale et économique profonde, à travers la contamination et l’affaiblissement d’une grande partie de la population active, principal acteur de la richesse. Cette situation a par contrecoup fortement freiné  le cours normal des échanges commerciaux, autant qu’elle a affecté les économies.

L’économie camerounaise est toutefois restée résiliente, grâce aux mesures gouvernementales mises en œuvre, ainsi qu’à divers appuis reçus des partenaires au développement. Une contraction de la croissance quasi nulle en 2020 est ainsi attendue, avec une reprise projetée à plus de 3,3% en 2021.

Au 31 décembre 2020, l’encours de la dette du secteur public est évalué à 10 334 milliards de FCFA, soit 46,9% du PIB, en augmentation de 5,6% en glissement annuel en raison (i) des appuis budgétaires décaissés dans le cadre de la Facilité de Crédit Rapide (FCR) accordée par le Conseil d’Administration du FMI afin d’aider le pays à faire face aux effets de la COVID-19 ; (ii) de la prise en compte de nouvelles conventions de dette intérieure, et (iii) des émissions plus prononcées des titres publics. Cet encours est composé à 91,1% de la dette directe et garantie par l’Etat (dont 99,6 % de dette directe de l’Administration centrale et 0,4% de dette avalisée) et à 8,9% de dette des entreprises et établissements publics.

  • L’encours de la dette avalisée par l’Etat en 2020 (passifs conditionnels explicites) est estimé à 28,3 milliards de FCFA, soit une diminution de 24,5% en glissement annuel.
  • Quant aux passifs conditionnels implicites (dette des entreprises publiques non garanties), son encours est évalué au 31 décembre 2020 à 922 milliards de FCFA et se compose de 49,1% de dette extérieure et de 50,9% de dette intérieure.
  • En 2020 l’Etat a signé avec ses bailleurs de fonds, des nouveaux engagements portant sur un montant total de 1136 milliards de FCFA, dont 467 milliards de dette extérieure et 669 milliards de FCFA de dette intérieure. Les SEND’s (hors appuis budgétaires) uniquement constitués de SEND’s extérieurs, enregistrent quant à eux une baisse de 4,4% en glissement annuel et sont estimés à 3 144,4 milliards de FCFA à fin 2020
  • Sur la même année, les décaissements effectifs sur emprunts publics sont évalués à 1 795 milliards de FCFA, dont 49% tirés auprès des bailleurs de fonds extérieurs et 51% tirés sur ressources intérieures, y compris les émissions des titres publics de 775 milliards de FCFA, dont 414 milliards de FCFA de BTA.  .
  • Le service de la dette publique payé de janvier à décembre 2020, hors Restes à Payer, se chiffre à 573,4 milliards de FCFA, alloués à (i) 62,8% au règlement de la dette extérieure ; (ii) et 37,2% au règlement du service de la dette intérieure (hors Reste à Payer). Ce service est en diminution de 20,1% par rapport à celui de 2019, notamment du fait des allègements de dette obtenus dans le cadre de l’initiative du G20 relative à la suspension du service de la dette (DSSI), estimés à 124 milliards de FCFA de mai à décembre 2020.

En termes de coopération, les faits majeurs des relations économiques entre le Cameroun et ses partenaires, sont entre autres : (i) la conclusion du PEF 2017-2020 en septembre 2020, et ses effets sur la réduction du rythme d’endettement public et de maîtriser les déficits budgétaires, (ii) la souscription du pays à l’initiative du G20 de suspension temporaire du service de la dette, et (iii) l’obtention de plusieurs appuis budgétaires dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Du reste, la coopération s’est poursuivie, aussi bien avec les institutions multilatérales, les gouvernements, que les créanciers commerciaux.

  • S’agissant des indicateurs de couts et risques du portefeuille de la dette à fin 2020, ils mettent en exergue l’exposition de 44,6% du portefeuille au risque de change, contre 47% en 2019. Aussi, le poids de la dette à taux d’intérêt fixe représente 80% du portefeuille, soit une baisse de 3,3 points en glissement annuel. Le risque de refinancement quant à lui s’améliore pour ce qui est de la dette intérieure, avec le rallongement progressif des maturités.

En somme, le document comporte quatre (04) chapitres axés sur: (i) l’évolution récente des différents agrégats de la dette publique et à garantie publique ainsi que nombre de passifs conditionnels implicites constitués de la dette des entreprises publiques non garanties ; (ii) les caractéristiques et la composition du portefeuille de la dette publique au 31 décembre 2020 ; (iii) l’état de la coopération actuelle avec les différents créanciers et (iv) les éléments de politique nationale d’endettement, les grandes lignes de la stratégie d’endettement 2021-2023 et l’Analyse de la Viabilité de la Dette publique (AVD), réalisée dans le cadre des activités du Comité National de la Dette Publique (CNDP).